‘25 novembre 2024
Dépensez! Dépensez! Dépensez!’ Alors que la bourgeoisie commence à exercer son pouvoir de consommation, le grand magasin déplace la cathédrale comme un temple de désir et de consumérisme, incitant les clients à ‘achetez, achetez, achetez !’, s’ils en ont les moyens ou non.
Au Bonheur des Dames a été publié en 1883 et est le 11e livre de la série Rougon-Macquart de Zola. Ayant déjà apprécié les dramatisations de l’histoire à la radio et à la télévision, c’était un livre que je voulais lire depuis un certain temps.
Emile Zola donne vie aux lecteurs modernes les changements sociaux et économiques rapides du milieu du XIXe siècle. Au Bonheur des Dames est basé sur le grand magasin parisien, Le Bon Marché. En 1852, Aristide Boucicaut (Octave Mouret ?) A commencé à transformer Le Bon Marché avec un plan de marketing innovant, instituant des prix fixes et des garanties qui permettaient des échanges et des remboursements, de la publicité et une plus grande variété de marchandises.
Après la mort de ses parents, Denise débarque à Paris avec ses frères Jean, 16 ans, et Pépé, 5 ans. Sans un sou, elle demande de l’aide de son oncle Baudu.
Denise se rend vite compte qu’elle se trouve au milieu d’un conflit de vie ou de mort entre les petits commerçants et Au Bonheur des Dames. En maintenant ses prix bas, ce grand magasin en pleine expansion enlève l’activité de tous les petits magasins à proximité, y compris celui de son oncle. Le temple en constante expansion situé juste en face est en mesure d’utiliser les économies d’échelle pour réduire les prix. Il attire les clients à l’intérieur avec des vitrines élaborées, des campagnes publicitaires et des promotions spéciales. Baudu et ses voisins n’ont aucune chance. Le grand magasin triomphera lentement et inévitablement.
Pourtant, si Denise veut être capable de payer sa part et de s’occuper de son jeune frère, le seul endroit où elle trouvera du travail est Au Bonheur des Dames.
Le roman de Zola est un document d’histoire sociale incroyable avec ses descriptions complexes des différents rayons, des vitrines, du type de clients qui y faisaient leurs achats et des rivalités entre son personnel. Nous voyons que de nombreux problèmes que nous pensions être modernes ont également été joués il y a 150 ans.
La logique impitoyable du capitalisme et du nouveau commerce brille à travers cette histoire sociale. Zola dépeint puissamment les conditions de travail punitives des employés de ce grand magasin, y compris les longues heures, les bas salaires et le manque de sécurité de l’emploi. À tout moment, ils risquent de se faire dire : “Passez à la caisse”.
En dehors de la description et le bon scénario, ce qui m’a particulièrement frappé en lisant le livre, c’est la personage de Denise. Quelle jeune femme remarquable ! Au début, elle est considérée par ses collègues comme innocente et naïve. Pourtant, face à tant de défis, elle reste extérieurement calme et réfléchie dans la façon dont elle réagit à toute situation difficile. Elle refuse de compromettre ses principes moraux ou de succomber aux pressions de se conformer. Son intégrité et son empathie restent en quelque sorte intactes.
Pendant une grande partie du livre, la relation “Vont-ils ou ne vont-ils pas” entre Denise et Mouret anime l’histoire. Mouret apprécie ses qualités, son travail acharné et son intelligence, mais elle résiste aux efforts continus de Mouret pour faire d’elle une autre de ses maîtresses. Ce faisant, elle sait qu’elle risque tout son avenir. Denise n’est pas belle, ostentatoire ou superficielle. Son attirance discrète provient de la force intérieure, de la résilience, de la gentillesse et de sa présence formidable et calme.
Lorsque Denise gagne enfin une certaine influence sur Mouret, le grand magasin devient plus qu’un simple magasin, et les aspérités du capitalisme sont adoucies. Avec une salle de lecture, une bibliothèque, des concerts et une salle de jeux, Au Bonheur des Dames présente des cours d’éducation et des consultations médicales gratuites. Mais les petits magasins sont toujours obligés de fermer.
Non seulement Denise est un symbole de l’autonomisation des femmes dans la société totalement dominée par les hommes, mais son personnage sert d’un flambeau d’espoir dans un monde dominé par la cupidité et l’égoïsme.
J’ai trouvé que les descriptions détaillées – tous les différents types de matériaux, les couleurs, l’éclairage et les différents départements – interféraient souvent avec ce qui était une intrigue engageante. Bien sûr, de telles descriptions photographiques aident à mettre en scène et sont inestimables pour notre compréhension de cette époque particulière. Mais souvent, juste au moment où une scène particulière approchait de son dénouement, Zola nous laisse abandonné, avec encore plus de pages décrivant, par exemple, comment tout autour avait été coloré en blanc.
En mélangeant les recherches méticuleuses de Zola sur la cathédrale du commerce moderne avec des descriptions et des thèmes vivants d’ambition, de résilience, d’amour et de changement social, Au Bonheur des Dames offre une exploration captivante des changements sociaux et économiques transformateurs du XIXe siècle, dont beaucoup résonnent encore au XXIe siècle. Denise, au cœur de l’histoire, émerge comme une figure particulièrement puissante et presque mythique, en contraste frappant avec l’absence de telles femmes dans d’autres romans de l’époque.