lundi 16 janvier 2017
Le Monde et Babelio ont mis Le Grand Meaulnes dans les dix premiers livres de la littérature française. Je viens de le lire pour la première fois et je comprends pourquoi. Il combine des descriptions charmantes, et belles, de la campagne française, un mystère irrésistible de l’amour perdu, paradis perdu, avec une aventure presque surréaliste.
Meaulnes et François, son ami et narrateur du livre, ne sont plus des enfants mais ils ne sont pas encore adultes. On partage l’émerveillement et l’excitation des adolescents qui viennent réaliser l’éclat, les merveilles et les mystères du monde adulte.
Meaulnes est plus vrai que nature, égoïste, va et vient autant qu’il le veut. Son caractère imparfait a un fort charisme pour ceux qui l’entourent. Un jour, il s’envole avec un cheval et une voiture et finit par tomber sur un ensemble de scènes enchantées, un pays de rêve, dans une collection d’anciens bâtiments désaffectés.
“…Il était là, mystérieux, étranger, au milieu de ce monde inconnu…”
Des jeunes s’habillent dans les vêtements du début du 19ème siècle en preparation de la fête de mariage de Franz de Galais et de sa mystérieuse épouse. Pendant son séjour, Meaulnes rencontre et tombe amoureux de la soeur du futur marié, Yvonne. C’est un coup de foudre.
Plus tard, il essaie de revenir, cherchant à la fois le domaine perdu et Yvonne de Galois. Mais, comme dans l’histoire de Shangrila, il ne peut pas trouver à nouveau.
François reste l’ami fidèle de Meaulne et rappelle au lecteur, comme Julian Barnes l’a suggéré, Nick Carraway du Grand Gatsby. Les deux sont des narrateurs, des observateurs impartiaux et les meilleurs amis des personnages principaux charismatiques.
Le Grand Meaulnes a également évoqué la comparaison avec Thomas Hardy, qui a également essayé de capturer un monde rural riche et complexe avant qu’il soit perdu. Plus de razzmatazz, mais presque autant de tragédie. Et la même belle prose:
“Du haut des côtes, descendre et s’enfoncer dans le creux des paysages; découvrir comme à coups d’ailes les lointains de la route qui s’écartent et fleurissent à votre approche, traverser un village dans l’espace d’un instant et l’emporter tout entier d’un coup d’oeil…”
Certains ont décrit le livre d’Alain-Fournier comme trop romantique, mais qui n’aime pas une histoire d’amour bien conçue? Et ce n’est certainement pas une histoire avec une fin heureuse où les amants finalement se promener dans le coucher du soleil.
D’autres ont décrit l’aventure du «domaine perdu» comme une fantaisie. Mais la différence entre cette aventure et fantasme réel est que celui-ci aurait facilement pu se passer. Rien ne se produisit qui aurait défié les lois de la physique. Peu probable bien sûr, mais la vie et la littérature se compose de l’improbable.
Si l’on devait faire une critique, ce serait demander où est l’humour. Les jeunes, et le livre est avant tout sur les jeunes, sont toujours plaisante, jouer avec des mots. Le Grand Meaulnes a été décrit comme un roman victorien dans la tradition de Dickensian – mais les caractères de Dickens ont eu un sourire, si pas riant aux éclats. .
Il serait très difficile de lire ce livre sans se rappeler que l’année après la publication du livre en 1913, son auteur a été tué à Epargnes. De la même manière, comme l’adolescent qui devient adulte ne peut pas revenir en arrière, la Première Guerre mondiale a marqué la fin d’une ère et le début d’une autre d’où il n’y avait pas de retour.
Mon seul regret de lire ce classique de la littérature française est que je ne l’ai pas lue comme un adolescent.