Encore un classique de la littérature française. Souvenirs d’enfance, de grandir dans une famille bourgeoise dans le Maine-et-Loire, pas loin d’Angers. L’histoire s’ouvre avec deux garçons, Jean, le narrateur et Ferdinand son frère aîné, élevés par leur grand-mère. Mère et père sont en Chine, et retournent, avec leur plus jeune fils, Marcel, sur les nouvelles de la mort de la grand-mère.
L’histoire commence en vrai avec le retour des parents, en particulier la mère, Mme Rezeau. La mère prend en charge et institue un régime strict et sévère. Le père est faible et ne défie pas sa femme chaque fois qu’il y a conflit. De plus en plus de restrictions sont introduites. Les enfants ne peuvent plus courir dans les champs à l’extérieur du chateu, ils doivent adhérer aux cours, les aliments sont rationnés, ils ne peuvent pas avoir leur propre argent et ils doivent même subir des confessions communales à la table. Si jamais quelqu’un questionne la réalité de ce que Folcoche dit, la réponse est “C’est vrai, puisque je te le dis”.
Pour les trois garçons, elle était la contre-mère dont les deux seins sont acides
Bien qu’ils soient jeunes, ils sont impuissants et doivent s’entendre avec tous les caprices de la mère disciplinaire. Peu à peu, à mesure qu’ils grandissent, Jean, le narrateur, trouve les moyens de se rebeller. La crise vient quand il se barricade dans sa chambre et s’échappe par la fenêtre pour s’enfuir à Paris au milieu de la nuit. Il prend le train et se présente à la maison de ses grands-parents maternels. Jean est récompensé par des tournées de Paris jusqu’à ce que son père en colère arrive à l’emmener chez lui. Mais rien ne sera tout à fait le même encore.
Le roman est une histoire d’abus, de rébellion et de résistance, mais en même temps, le livre de Herve Basin est une belle évocation de la vie en France des années 1920 avec un style d’écriture qui est drôle et inventif.
Tous les personnages reçoivent des surnoms. Ainsi, la mère devient le plus souvent , une contraction de ‘folle et de ‘cochon’. Parfois, elle est mégère – “nous venons d’ajouter ce terme à notre collection d’épithètes”. Ferdinand devient Freddi ou Chiffe. Marcel est Cropette et Jean est Brasse-Bouillon.
Avec son cachet au sommet de son arbre préféré, le taxaudier, il y a de nombreux éléments des livres d’aventure garçons du début du 20ème siècle. Par conséquent, c’est un livre écrit du point de vue des hommes. Peut-être que, compte tenu de l’abus qu’il a reçu de sa mère, les femmes peuvent sembler l’ennemi. Quand il était si mal à Madelaine, sa première petite amie, se vengeait-il de sa mère?
Il y a plusieurs questions auxquelles je me suis posé sur le roman.
D’abord, ce qui, bien sûr, serait très intéressant, c’est d’apprendre l’histoire du point de vue de Mme Rezeau. “Cette dame que nous n’avions déjà plus aucune envie d’appeler mama.”
Deuxièmement, comme Jean devient adulte, sera-t-il condamné à adopter lui-même le personnage de Mme Rezeau?
Troisièmement, comment son éducation abusive affecte-t-elle la capacité de Jean de former et de maintenir des relations.
Et puis, comme pour Le Grand Meaulnes, on se demande combien ce livre aurait été apprécié si on avait lu comme un adolescent.