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Déjà un best-seller en France, Vieller sur elle a remporté le Prix Goncourt de l’année dernière. Il a un scénario très original ainsi qu’une intrigue intelligente et imprévisible. Son auteur, Jean-Baptiste Andrea, est un ancien scénariste et réalisateur qui a grandi à Cannes. Auteur français, écrivant en langue française, le livre parle de l’Italie, à une époque où le fascisme et la haine s’emparaient du pays.
Le livre est raconté par le personnage principal Michelangelo Vitaliani. Mimo, comme on l’appelle généralement, est né en France en 1904, mais a passé presque toute sa vie en Italie, en particulier à Pietra d’Alba, Florence et Rome. C’était une personne de petite taille qui est devenue un sculpteur doué. Après que son père ait été tué dans un accident de train pendant la Première Guerre mondiale, sa mère l’a remis aux soins d’Alberto, qui l’a accepté comme son apprenti.
Au cœur de l’histoire se trouve sa relation avec la famille Orsini, les riches nobles de la ville de Pietra d’Alba. Le roman s’ouvre sur la rencontre de Viola, la fille d’Orsini, et de Mimo, deux âmes rebelles qui se reconnaissent immédiatement. Leur relation est intense, mais elle est menacée par les conventions sociales et les bouleversements politiques de l’époque. Viola est insondable, très doué, bien lu et un rebelle. Elle reconnaît et encourage la passion de Mimo pour la sculpture.
L’histoire d’amour entre Viola et Mimo est passionnante, émouvante et potentiellement dangereuse. Nous nous attachons rapidement à ces deux personnages et espérons vraiment qu’ils parviendront à atteindre l’amour malgré les obstacles. Le début de son acceptation par la famille Orsini fut sa première sculpture majeure, l’ours pour le 16e anniversaire de Viola.
Alberto a renvoyé Mimo. À Florence, Mimo touche le fond. Il est impitoyablement intimidé, battu et volé par des voyous de rue et un travail forcé dans un cirque. Juste à temps, Francesco Orsini arrive avec une offre de travail, un travail bien rémunéré.
La politique, la religion, la montée du fascisme, l’amour et l’amitié, l’art, le féminisme et la vengeance sont tous des thèmes centraux de ce roman. Dès le début, Viola est consciente des dangers de l’obscurité politique à venir. Mimo essaie d’éviter ce qui se passe en niant tout intérêt pour la politique, enterrant sa tête dans le sable.
Au cœur de l’histoire se trouve la Pietà, une sculpture en marbre, le chef-d’œuvre de Mimo. La Pietà représente la Vierge Marie tenant le corps du Christ après sa crucifixion et joue un rôle crucial dans ce roman. C’est à la fois une magnifique œuvre d’art, un symbole d’amour maternel, un reflet de relations humaines complexes et une invitation à la réflexion sur la foi et la spiritualité. Cependant, la Pietà de Mimi est particulièrement controversée avec le Vatican, qui l’a commandée, la reconnaissant comme une grande œuvre d’art, mais pas la mieux adaptée à la promotion de la religion. Ils le gardent caché à la vue et Mimo le surveilla pendant ses 40 dernières années.
Le lecteur en vient à apprécier que l’art du sculpteur ne consiste pas seulement à faire des formes en marbre. « Écoute-moi bien. Sculpter, c’est très simple. C’est juste enlever des couches d’histoires, d’anecdotes, celles qui sont inutiles, jusqu’à atteindre l’histoire qui nous concerne tous, toi et moi et cette ville et le pays entier, l’histoire qu’on ne peut plus réduire sans l’endommager. Et c’est là qu’il faut arrêter de frapper. » Cette explication ne s’applique-t-elle pas à tout l’art ? Ailleurs, l’auteur a parlé de l’importance de rendre accessible la “beauté de l’art, la beauté de la parole” à tous les secteurs de la société. Il croit en leur pouvoir de transformer et de changer des vies. Et bien sûr, cette beauté contraste avec l’obscurité du fascisme rampant.
Le livre tisse un récit finement conçu qui s’étend de la Première Guerre mondiale aux années 1980, racontant une histoire superbe et complexe. L’expérience d’Andrea en tant que scénariste ajoute à la qualité vivante et cinématographique du roman qui est aussi une ode à l’Italie, à l’amour, à la beauté et à la liberté. L’auteur a évoqué les parallèles entre la montée du fascisme du XXe siècle et la croissance de la politique d’extrême droite du XXIe siècle. Le livre illustre comment le pouvoir des efforts artistiques peut contraster avec le pouvoir des ténèbres montantes.