17 juin 2024
Les expériences de Didier Lefèvre accompagnant une équipe de Médecins Sans Frontières dans l’Afghanistan déchiré par la guerre sont capturées dans ce roman de livre d’images. C’est en 1986 que les Afghans se battaient pour reprendre le contrôle de leur pays, un pays que les Russes ont envahi en 1979. Le livre documente les efforts de l’équipe pour apporter des soins médicaux dans cette région, dévastée par la guerre.
Le travail de Lefèvre était de prendre des photos. Parce que les routes étaient contrôlées par les Russes, ils ont été obligés de voyager à travers les montagnes, en montant et en descendant de hauts cols. Parfois, ils ne voyageaient que la nuit afin d’éviter les avions russes.
Le livre se compose principalement de ses photos en noir et blanc réduites en format de bande dessinée. Les photos sont entrelacées d’illustrations dessinées à la main par Emmanuel Guibert. Souvent, les dessins révèlent autant, sinon plus, que les photos. Le livre a été arrangé et préparé par le concepteur de livres Frédéric Lemercier.
Après avoir perdu 14 dents pendant l’expédition, probablement à cause de la malnutrition, Lefèvre est rentrée chez lui avec 4000 photos. Il a fallu 20 ans avant qu’il ne soit persuadé par ses collègues de publier ce livre, en 2006. Alors que le rôle de Lefèvre dans la mission était de ramener des images qui témoigneraient de ce qui se passait en Afghanistan, les photographies qu’il a publiées immédiatement après ne pouvaient pas en dire autant que ce livre.
Le livre commence avec Didier Lefèvre quittant Paris et arrivant à Peshawar dans le nord du Pakistan, près de la frontière avec l’Afghanistan. Après avoir rencontré l’équipe et une période de préparation, le groupe, ainsi que 100 ânes et 20 chevaux, commencent leur voyage dans la ville de Zaragandara, dans la province afghane de Badakhshan, pour établir un hôpital de campagne et en équiper un autre.
Les photos et illustrations, montrant le grand groupe se déplaçant à travers les montagnes, révèlent la grande beauté et la splendeur du pays. Alors que leur caravane fait son chemin lent, ils traversent des villages où les compétences des médecins sont toujours en demande. Nous voyons des portraits impressionnant de l’équipe, habillé avec des vêtements du pays, luttant sur des cols escarpés recouverts de neige, et les Afghans locaux apparaissent sur presque toutes les pages. En chemin, ils rencontrent souvent des gens venant dans la direction opposée, désespérés d’échapper aux combats.
Le photographe est là pour enregistrer toutes les mésaventures, y compris les ânes qui tombent dans les ravins, les disputes, le besoin constant de réparer les bottes, l’échec répété de pouvoir se connecter à Radio France en ondes courtes, et plus encore. Dans ses conversations avec les membres afghans du parti, il apprend leurs coutumes et leurs habitudes.
Malheureusement, Didier Lefèvre est décédé subitement en 2007 d’une crise cardiaque. Il n’avait que 50 ans. Ses photographies ont été publiées dans les publications françaises Liberation, L’Express, L’Equipe Magazine et Éditions Ouest France. Son travail avec Medicine Sans Frontier l’a emmené en Afghanistan, au Sri Lanka, en Colombie, au Cambodge, en Sierra Leone, en Érythrée, au Malawi, au Niger et en Côte d’Ivoire.
Même depuis que les talibans sont revenus au pouvoir en août 2021, Médecins Sans Frontières continue de mener des projets en Afghanistan, répondant aux immenses besoins médicaux causés par des décennies de conflits et de bouleversements politiques. Dans une économie brisée, beaucoup ne peuvent pas se permettre des visites à l’hôpital, tandis que les femmes sont confrontées à des obstacles supplémentaires en raison de restrictions imposées à leur liberté de circulation, à leur accès à l’éducation et à leur travail. Au cours des quatre premiers mois de 2024, Médecins Sans Frontières signalent une augmentation du nombre de cas de rougeole.
Le Photograph a remporté de nombreux prix, dont le Prix des libraires de bande dessinée, et il a été traduit en 11 langues. Les créateurs de ce livre, entre eux, ont construit un mélange distinctif de narration, fusionnant les disciplines du dessin et du photojournalisme. Ils nous donnent une perspective étonnante de l’œuvre impressionnante de Medicine Sans Frontier, du coût humain de la guerre et de la résilience de ceux qui sont pris au milieu.